Depuis 2004, des collégiens et lycéens sont accueillis en binômes (1 collégien et 1 lycéen) dans des laboratoires pour réaliser un projet de recherche sur une année scolaire. Il s'agit du dispositif Apprentis chercheurs qui a été mis en place par l'association L'arbre des connaissances. Ces jeunes sont encadrés par des professionnels de la recherche et découvrent ainsi la science en train de se faire, s’approprient la démarche scientifique et ouvrent leurs horizons. À la manière des chercheurs, en fin d’année, ils présentent leurs travaux à l’oral lors des congrès Apprentis Chercheurs.
C’est dans ce cadre que le laboratoire Archéologie des Sociétés Méditerranéennes a proposé sa participation au projet. Conventionnés par l’Université Paul Valéry et l’Arbre des connaissances, le lycée Jean Monnet et le collège de la Croix d’Argent ont été retenus pour intégrer le projet. Parmi toutes les candidatures d’élèves exprimant leur intérêt pour la recherche, 3 candidatures d’apprenties chercheures ont été retenues pour intégrer le laboratoire ASM :
- deux lycéennes de 1ère au lycée Jean Monnet : Jade Champollion et Julianne Dumazert
- une collégienne en 3ème du collège Croix d’Argent : Sarah Bar-Troude
Encadrées par Muriel Richard, coordinatrice et tutrice du projet au sein du laboratoire, l’agenda de ce trinôme a été réfléchi et conçu autour des problématiques environnementales du site de Lattara. A travers une même zone archéologique, et l’étude de ses unités stratigraphiques, elles ont pu découvrir les différentes disciplines de l’archéologie qui œuvrent conjointement pour mettre en lumière la vie des hommes et leur environnement passé. C’est donc une zone datée de 475 à 450 ans avant J.-C. qui a été étudiée.
Les Apprenties et les chercheurs qui ont participé à ce projet, ont été mobilisés le mercredi après -midi, à raison de 10 séances sur l’année 2023-2024.
Lors de la 1ère séance en novembre 2023, Jade, Julianne et Sarah sont venues visiter le laboratoire afin de rencontrer les équipes de recherche et les chercheurs avec lesquels elles allaient travailler. Puis elles sont allées visiter le chantier archéologie de Lattara et son dépôt de fouilles (photo ci-dessous) en décembre afin de comprendre l’environnement qu’elles allaient étudier au cours des séances suivantes.
En janvier et février, elles ont pu s’exercer à l’archéo-ichtyologie. Elles ont appris comment les archéologues prélevaient les restes de poissons lors d’une fouille. Elles ont trié des restes osseux afin d’essayer de déterminer les espèces de poissons représentés, grâce au référentiel archéo-ichtyologique mis en place par Gaël Piques, archéologue spécialisé en ichtyologie et responsable des fouilles du site de Lattara.
Au mois de mars, elles ont pu découvrir la géomorphologie avec Jean-Philippe Degeai. Elles ont appris ce qu’est un carottage et comment il était possible de le lire afin de restituer un paléo-environnement. Elles ont également pu avoir une approche de la malacologie, qui permet, grâce à l’étude des escargots, d’identifier un paysage.
En avril, avec Nuria Rovira, elles ont découvert l’archéo-botanique à travers la carpologie et l’étude des graines qui permettent la restitution du couvert végétal et l’identification de pratiques agricoles. Puis, avec Emilie Blaise, elles ont été initiées à l’archéozoologie qui permet, grâce aux restes osseux d’animaux découverts lors des fouilles, de comprendre la relation homme-animal au cours du temps. Pour les animaux domestiques, ces études permettent aussi d’avoir un regard plus éclairé sur les pratiques d’élevage, d’abattage et de consommation. Elles ont ainsi pu trier des ossements et les comparer au référentiel existant afin d’identifier les parties squelettiques et déterminer les espèces.
Une répétition générale de leur grand oral a été nécessaire au mois de mai afin de valider leurs connaissances et la façon de les restituer au grand public. Leur oral final étant prévu au 5 juin 2024 dans l’Atrium de l’Université Paul Valéry.
Nul doute que cette expérience aura permis aux apprenties chercheures de s’immerger dans le monde de la recherche, mais également de comprendre une démarche scientifique pluridisciplinaire. En découvrant les nombreuses disciplines de l’archéologie, elles ont remonté le temps, l’espace d’une année, pour revivre le Lattara antique.