COMMUNIQUE DE PRESSE/PRESS RELEASE

Des crocodiles sauvages chassés pour confectionner des momies en Égypte à l’époque romaine : des éléments de preuve apportés par l’imagerie synchrotron

Wild Crocodiles Hunted to Make Mummies in Roman Egypt: Evidence from Synchrotron Imaging.

 Et déjà un article dans le Washington Post, sur smithsonianmag.com et dans la revue Geo

 

Comment les anciens Égyptiens s’approvisionnaient-ils en cadavres d’animaux nécessaires à la confection des innombrables et aujourd’hui si populaires « momies votives » de chats, chiens, ibis ou crocodiles ? On savait déjà que nombre de ces animaux provenaient d’élevages spécifiques ou de ramassages de charognes. Dans le cadre du programme de recherche interdisciplinaire MAHES (Momies Animales et Humaines EgyptienneS) actuellement financé par le LabEx ARCHIMEDE, une équipe regroupant des chercheurs de l’Université Montpellier 3, du laboratoire CNRS « Archéologie des sociétés méditerranéennes » (UMR 5140), du Synchrotron Européen de Grenoble (ESRF), de l’American University in Cairo, du laboratoire CNRS HiSoMA et du musée des Confluences à Lyon, renouvelle nos connaissances des pratiques rituelles dont ces momies animales étaient les objets.

How did the ancient Egyptians obtain dead bodies required to make the countless and popular ‘votive mummies’ of cats, dogs, ibis or crocodiles? It has been suggested that many of these animals derived from breeding programmes or gathering already dead animals in the area. As part of the interdisciplinary MAHES program funded by the LabEx ARCHIMEDE (Montpellier, France), researchers from the team ‘Archéologie des sociétés méditerranéennes’ (CNRS/Université Paul-Valéry Montpellier 3/Ministère de la Culture/Inrap), the European Synchrotron (ESRF) in Grenoble, France, the American University in Cairo, HiSoMA (CNRS) and the musée des Confluences in Lyon (France), have found new evidence to increase our knowledge of the ritual practices related to the acquisition and production of the animals needed to make votive animal mummies.

JAS Porcier

Fig. 1 : Photo et rendu 3D de la momie de crocodile MHNL 90001591. Rendu 3D montrant une partie du contenu stomacal du crocodile ainsi que la fracture crânienne létale (© ESRF/Programme MAHES).

Fig. 1: Photo and 3D rendering of the crocodile mummy MHNL 90001591. 3D rendering showing a part of the contents of the crocodile stomach and the lethal skull fracture (© ESRF/MAHES Program).

 

Pour la première fois au monde, les chercheurs du programme MAHES ont analysé à la lumière synchrotron, une momie de crocodile provenant de Kom Ombo (Haute Egypte) et vieille de plus de 2000 ans. Grâce à cette technologie de pointe, l’autopsie virtuelle de l’animal a pu être réalisée sans endommager l’objet conservé au musée des Confluences (os, chair, baumes, textiles de lin), et a notamment permis de déterminer la cause du décès et la composition du dernier repas du saurien. Ainsi, les chercheurs ont finalement mis en évidence que ce jeune crocodile de 3 ou 4 ans avait été chassé alors qu’il vivait à l’état sauvage puis avait été rapidement momifié.

Il s’agit là du premier cas avéré pour ce mode d’approvisionnement en cadavres d’animaux destinés à la production de momies. Cette recherche, publiée en septembre 2019 dans la revue scientifique américaine Journal of Archaeological Science, ouvre de nouvelles perspectives concernant les pratiques liées à la momification des animaux en Égypte ancienne, pratiques qui s’avèrent être bien plus diverses que ce que considérait l’égyptologie jusqu’à présent. Plus globalement, elle démontre aussi, encore une fois, la pertinence et l’importance de tels travaux interdisciplinaires dans le domaine de l’archéologie, cela à la faveur d’un dialogue fructueux entre Sciences et Sciences humaines, deux « cultures » traditionnellement séparées.

D’autres résultats inattendus issus des recherches du programme MAHES sont à paraître dans les mois à venir.

For the first time ever, researchers of the MAHES program have used synchrotron light (synchrotron multiscale microtomography) to analyse an over 2000 year old crocodile mummy that comes from Kom Ombo (Upper Egypt). Thanks to this state-of-the-art imaging technology, the virtual autopsy of the animal was carried out without damaging the wrapped mummy that is in the musée des Confluences in Lyon. The imaging allowed us to establish the cause of death and the composition of the last meal of the saurian. We discovered that this young crocodile, 3 or 4 years old, was hunted while living in the wild and then was rapidly mummified.

This is the first ever evidence of hunting being used to source animals for mummification. This study, published in September 2019, in the Journal of Archaeological Science, reveals new information about the practises related to the mummification of animals in ancient Egypt and human-animal relationships. These were definitely far more complex and diverse than has been hitherto thought. More broadly, this study also demonstrates, once again, the relevance and the importance of interdisciplinary work, uniting archaeology, and the humanities in general, with science.

Other unexpected results from the larger MAHES research program will be forthcoming over the next months.

Visionner le/Watch the Rendu 3D de la momie de crocodile MHNL 90001591 comprenant différents niveaux de visualisation des couches segmentées

En actualité sur le site de l'INSHS (CNRS).

Référence : Porcier, St., Berruyer, C., Pasquali, St., Ikram, S., Berthet, D., Tafforeau, P. 2019. Wild crocodiles hunted to make mummies in Roman Egypt: Evidence from synchrotron imaging. Journal of Archaeological Science 110. https://doi.org/10.​1016/​j.​jas.​2019.​105009

https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0305440319300950

Financement : Cette recherche a été réalisée dans le cadre du programme MAHES (Momies Animales et Humaines EgyptienneS) financé par l’Agence Nationale de la Recherche au titre du programme "Investissement d’Avenir" program ANR-11-LABX-0032-01 LabEx ARCHIMEDE, et par le Synchrotron Européen de Grenoble (ESRF-CFR-423).

Funding: This research was carried out within the framework of the MAHES program (Momies Animales et Humaines EgyptienneS) supported by the Agence Nationale de la Recherche from the "Investissement d’Avenir" program ANR-11-LABX-0032-01 LabEx ARCHIMEDE, and by the European synchrotron ESRF (ESRF-CFR-423).

Contacts scientifiques/Corresponding authors:

Stéphanie Porcier : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Stéphane Pasquali : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.