coordonné par Corinne Sanchez et Guillaume Duperron

Participants : F. Bigot, J. Le Bomin, M.-L. Le Brazidec, C. Carrato, C. Dubler, G. Duperron, B. Favennec, M.-P. Jézégou, J. Mantenant, S. Mauné, G. Pagès, L. Long, C. Sanchez, S. Silvéréano

L’axe sur la Circulation et le grand commerce a pour objectif de traiter la question des échanges à moyenne et longue distance.

Les recherches sur les sites portuaires et littoraux bénéficient d’un important investissement de notre équipe sur Narbonne, Arles et Lattes à travers l’étude des mobiliers et notamment des amphores. L’ouverture vers la Gaule interne s’appuie sur les circulations de produits transportés durant l’antiquité en Méditerranée et en Europe occidentale (France, Allemagne, Suisse, Italie, Grande-Bretagne, Espagne), notamment les vins, mais aussi les huiles destinées à l’éclairage et à la consommation, ainsi que les saumures.

 Thème 1. Sites portuaires et littoraux

1.1. Arles/Camargue

  • 1.1. Arles/Camargue (L. Long, G. Duperron, F. Bigot)

Les recherches subaquatiques actuellement en cours dans le Rhône à Arles et au large de la Camargue face aux Saintes-Maries-de-la-Mer apportent de nombreuses informations sur le fonctionnement du système portuaire arlésien, en particulier sur la localisation et l’organisation des zones portuaires, ainsi que sur la nature des marchandises commercialisées et l’importance quantitative de ces échanges.
Ces données concernent tout d’abord un vaste espace situé à l’embouchure de l’ancien Rhône de Saint-Ferréol, où se trouvait très probablement l’un des avant-ports maritimes principaux - avec Fos-sur-Mer - de la cité d’Arles. La découverte d’une trentaine d’épaves ainsi que d’ancres antiques atteste l’existence d’une zone de mouillage et de circulation. La présence de blocs de calcaire de grandes dimensions signale la présence d’édifices (entrepôts ?), associés à un très riche dépotoir portuaire constitué principalement d’amphores et de céramiques, qui soulignent l’ampleur des échanges commerciaux dans cette zone et montrent que ce site fonctionne sans discontinuité entre le VIe s. av. J.-C. et le VIe siècle de notre ère.

À Arles, les sondages conduits sur les grands dépotoirs qui occupent la rive droite du Rhône révèlent l’ampleur et la richesse des activités commerciales qui se déroulaient dans cet port fluvial, entre la fin de la République et l’Antiquité tardive. Les très riches ensembles de mobiliers issus des fouilles conduites sur ces dépotoirs livrent en effet de nombreuses informations nouvelles sur la vie matérielle et les échanges commerciaux dans l’un des plus importants sites portuaire de l’Empire.

  • 1.2. Narbonne (C. Sanchez, M.-P. Jézégou)

La capitale de la Province de Narbonnaise, plaque tournante du commerce antique, est réputée pour son rôle culturel et économique dans la romanisation du sud de la Gaule. L’organisation du port antique de Narbonne restait méconnue à cause d’un important recouvrement sédimentaire et d’une histoire complexe. Le PCR s’attache à combler ces lacunes en continuant l’exploration des sites de Gruissan, Port-la-Nautique et Mandirac et en développant les prospections géophysiques. L’objet de ce projet est donc de procéder au recensement des différents bassins portuaires, de mieux comprendre leurs transformations, leurs structures et leurs fonctions (port urbain et avant-ports) au cours du temps et dans des contextes économiques et naturels évolutifs. Trois opérations programmées ont été réalisées ou sont en cours. À Gruissan, les fouilles de l’île Saint-Martin (responsable G. Duperron) ont concerné le complexe architectural avec le bâtiment en grand appareil, la cour et les pièces attenantes mais également un secteur spécifique où des citernes et une tour ont été mises au jour. Le site de Port-la-Nautique a fait l’objet de prospections et de sondages afin de compléter la topographie de cet ensemble portuaire (C. Sanchez et C. Carrato). La fouille de Mandirac à Narbonne (responsable M.-P. Jézégou, DRASSM) s’est concentrée sur l’étude de l’épave de l’antiquité tardive utilisée dans la reconstruction d’une digue. Un flanc du bateau a été démonté pour étude. L’embarcation, d’environ une douzaine de mètres de long, correspond à un bateau fluvial permettant le transfert des marchandises.
https://pan.hypotheses.org/

  • 1.3. Atlas (M.-P. Jézégou)

L’Atlas réalisé sur les côtes de l’Hérault a permis de revenir sur des attributions anciennes et erronées concernant l’identification des amphores et également la nature des sites. Les débuts de l’archéologie sous-marine, dans une grande phase d’optimisme, ont eu tendance à voir soit des épaves de navires, soit des lieux de mouillage, sous chaque accumulation de mobilier archéologique. C’est ainsi que sur le lido de Sète à Marseillan par exemple, de nombreux vestiges ont été interprétés comme mouillages avec une double signification accordée à ce vocable : abri pour les navires en attente de reprendre la mer ou lieu de déchargement de marchandises en l’absence de ports. Pourtant ce secteur ouvert aux vents d’est et sud-est n’offre aucun abri naturel et n’offre pas davantage de traces d’occupation humaine dans l’Antiquité.

Une nouvelle grille d’interprétation des sites a été proposée : Habitats submergés (rares), ports, mouillages (pour le débarquement de marchandises), épaves, naufrages (même sans présence de coque, cas fréquent sur les côtes du Languedoc où les vestiges ligneux qui ne peuvent s’enfoncer dans le substrat dur sont dévorés par les xylophages marins, cargaisons déplacées (actions halieutiques le plus souvent), abris, zones d ’accumulation naturelle de vestiges (par la présence de barrières rocheuses). Bien entendu la pertinence heuristique de ces diverses catégories est extrêmement variable.

  • 1.4. Agde (C. Carrato)

Située à l’embouchure du fleuve Hérault, la ville d’Agde constitue aujourd’hui comme dans l’Antiquité une porte de communication entre l’arrière-pays héraultais et la Méditerranée. Comptoir commercial phocéen qui entérine la présence grecque en Languedoc, la ville d’Agde conserve le statut de colonie massaliote jusqu’à la conquête romaine. De la cité antique, actuellement sous la ville moderne, on connaît peu de choses. Néanmoins, les découvertes subaquatiques et sous-marines réalisées depuis les années 1950 témoignent de l’importance de ce port de commerce et de redistribution, et ce, dès l’époque républicaine.

Depuis le début des années 2000, de nouvelles recherches ont été entamées par l’Association IBIS et par le laboratoire Archéologie des Sociétés Méditerranéennes (Projet labex DYLITAG). Dans ce cadre, la problématique de la localisation de l’embouchure de l’Hérault et des aménagements portuaires de l’époque antique constitue un axe essentiel. En 2015-2016, des prospections et sondages ont été réalisés sur le secteur de La Motte II/Belle Ile, qui avait livré les vestiges d’une digue antique, associée à des appontements et du matériel céramique datés des IIe-Ier s. av. J.-C. Les recherches sur la partie terrestre (Belle Ile) de ce secteur n’ont pas permis de mettre en évidence de vestiges. La poursuite des recherches sur le site subaquatique de La Motte II devrait permettre de mieux caractériser et dater ces aménagements, tandis que des prospections devraient être organisées plus au sud où des éléments lapidaires et du mobilier datés de l’époque antique ont été repérés.

  • 1.5. L’étang de Thau (G. Duperron, F. Bigot)

Située entre les grands ports de Narbonne et d’Arles, au débouché d’un territoire qui fait l’objet d’une intense mise en valeur agricole à l’époque romaine, le bassin de Thau connait depuis plusieurs décennies une activité archéologique soutenue. Il constitue de ce fait un secteur privilégié pour étudier la vie économique et les échanges antiques, et plus particulièrement aborder la question du rôle de la frange littorale dans la mise en valeur économique et commerciale du Languedoc romain.

L’équipe TP2C participe, en collaboration étroite avec les équipes archéologiques travaillant localement, à de nombreux travaux collectifs sur ces thématiques. La plupart d’entre eux concernent des établissements littoraux : étude d’ensembles céramiques à Frontignan et Balaruc (F. Bigot) ainsi qu’à Montbazin et Poussan (G. Duperron), au Bourbou (B. Favennec) ou encore sur le site de Marinesque au bord de la voie domitienne (C. Sanchez).

Plusieurs autres portent également sur des sites subaquatiques : dépotoir de Sète / Le Barrou (F. Bigot, G. Duperron), épave Rieu 1 à Marseillan (L. Long, G. Duperron.), etc.
L’ambition est, à terme, d’appréhender dans le temps long l’histoire commerciale d’un terroir rural de Gaule méridionale, pleinement intégré dans l’économie du mode romain, tant à travers ses exportations - notamment vinaires - que ses importations d’une multitude de produits de provenances lointaines.

 

Thème 2. Navires et navigation ; étude des cargaisons

Cette question est abordée par les recherches en cours à Narbonne et en Arles. Pour Narbonne, la navigabilité à l’intérieur du système portuaire va être traitée par des études d’intervisibilité entre sites et de possibles amers. L’épave de Mandirac (Narbonne), qui correspond à une allège est datée par sa cargaison du Ve siècle. Les premières observations révèlent que cette épave n’est pas très avancée dans le processus de transition et que sa construction relève uniquement d’une « conception longitudinale sur bordé ». D’autre part, l’étude des épaves en Camargue et dans le lit du Rhône à Arles enrichit notre connaissance des navires impliqués dans l’organisation des trafics commerciaux dans la basse-vallée du Rhône, au sein d’un vaste espace nautique situé à la charnière entre la navigation maritime et la distribution fluviale des denrées. Devant les Saintes-Maries-de-la-Mer, un groupe varié d’épaves comprend d’abord des navires hauturiers, à fort tirant d’eau, dont les plus grands restaient au mouillage vraisemblablement dans le lobe d’embouchure. Il s’agit ensuite de caboteurs maritimes dotés d’une quille mais à fond relativement plat, qui pouvaient emprunter les étangs et franchir la passe d’embouchure. Près d’une douzaine d’épaves antiques marquent ensuite, sur la rive droite du Rhône à Arles, la spécificité d’une zone de rupture de charge et de redistribution des marchandises. Elles se déclinent en plusieurs groupes incluant des navires maritimes de petit tonnage, des embarcations fluviomaritimes et des chalands à fond plat typiquement fluviaux. Ce corpus d’épaves antiques, l’un des plus riche du monde romain, témoigne ainsi de la diversité et de la complémentarité des différents types de navires dans cet espace fluvio-maritime où le transport des marchandises par voie d’eau nécessitait de multiples ruptures de charges.

 

Thème 3. La circulation des produits

Ce thème a pour objectif d’aborder la circulation des produits par voies maritime et fluviale mais également de traiter des relations entre le littoral et l’arrière-pays (cf. exploitations minières par exemple).

  • 3.1. Le mobilier céramique (C. Sanchez, G. Duperron, F. Bigot, B. Favennec, S. Mauné, S. Silvéréano)

L’étude du mobilier des sites portuaires constitue un travail à long terme notamment sur des séries de références sur le littoral de Provence et du Languedoc. À Narbonne, outre le mobilier des fouilles en cours, l’étude des collections subaquatiques (S. Lemaitre, C. Sanchez) enrichit considérablement nos connaissances sur les produits qui transitaient par ce port de redistribution. Le commerce avec la Tarraconaise est ici remarquablement illustré.
Une analyse des circuits de distribution des amphores Dr. 20 dans les Gaules et les Germanies à travers la cartographie des timbres (Thèse C. Dubler) complètera les questions autours des échanges à moyenne et longue distance grâce aux mobilier céramique. L’objectif est de pouvoir déterminer et qualifier l’existence de réseaux des marchands organisés reliant les conventus en Bétique et à l’intérieur de ceux-ci, des zones de production distinctes, et les zones de consommation de ces provinces de la partie nord-occidentale de l’Empire. Ces recherches s’insèrent dans les deux programmes internationaux successifs du LabEx Archimede-ANR-11-LABX-0032-01 (PAEBR et OLEASTRO) avec un apport essentiellement à la chronologie des timbres et amphores Dr. 20.

  • 3.2. Le métal (J. Mantenant, G. Pagès, L. Long)

La circulation du métal est ici abordée sous l’angle de l’économie et de l’histoire de l’arrière-pays narbonnais à la fin de l’âge du fer et aux premiers temps de la domination romaine. Les sites concernés par le commerce à partir de Narbonne se situent dans les Corbières, la Montagne Noire et le Canigou. Les découvertes de minerais dans les zones portuaires font l’objet d’une attention particulière.

  • 3.3. Autres produits

 

Thème 4. La circulation monétaire

Les études de la circulation monétaire permettent de développer notre connaissance pour plusieurs sites ruraux et agglomérations secondaires qui devront être intégrées à des bases de données (en l’occurrence Dicomon-2). Un point crucial pour l’ensemble de la Narbonnaise, qui fait aujourd’hui toujours défaut est à souligner : nous ne disposons pas de données synthétiques sur les monnaies et la circulation monétaire dans les capitales de cités, au premier rang desquelles il faut placer Narbonne, ce qui empêche notamment d’établir des études comparatives entre les situations monétaires des milieux urbains et ruraux. Cette vision globale pourrait ainsi aboutir à des avancées tout à fait novatrices dans les études numismatiques et archéologiques.

  • 4.1. La circulation monétaire des capitales de cités (M.-L. Le Brazidec)
  • 4.2. Médaillers de sites (M.-L. Le Brazidec) : Ambrussum, Murviel, Montferrant…
  • 4.3. Les monnaies romaines tardives (M.-L. Le Brazidec)
  • 4.3. Le projet Dicomon (M.-L. Le Brazidec)
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- Colloques internationaux :

- Listes des fouilles dirigées par les membres de l’équipe :

  • Arles, L. Long
  • Sainte-Marie-de-la-Mer, L. Long
  • Fos, L. Long
  • Cap Bénat, L. Long
  • Gruissan, G. Duperron
  • Narbonne, Mandirac, M.-P. Jézégou, C. Sanchez
  • Atlas, M.-P. Jézégou
  • Narbonne, Port-la-Nautique, C. Sanchez, C. Carrato

- PCR portés par l’UMR dans le cadre de l’équipe TP2C :
Les ports antiques de Narbonne. Le projet collectif de recherche sur les ports antiques de Narbonne s’inscrit dans le cadre d’un partenariat entre la Région Languedoc-Roussillon, l’État et les collectivités (villes de Narbonne et Gruissan).

- Thèses en cours :

Corinne Dubler, première inscription en octobre 2015, Université Montpellier III, dir. S. Mauné en co-tutelle avec l’Université de Barcelone : Commerce et diffusion de l’huile de Bétique dans les provinces des Gaules et des Germanies (Ier-IIIe s. ap. J.-C.).

- Thèses soutenues :

Guillaume Duperron : Arles et Lyon, ports fluviaux de l’Empire romain. Le commerce sur l’axe rhodanien du Ier s. av. J.-C. au VIIe s. ap. J.-C. Thèse soutenue en décembre 2014 à Montpellier (S. Mauné dir.).
http://archimede.cnrs.fr/index.php/actualites/158-soutenance-these

Charlotte Carrato : Production, diffusion et utilisation du dolium en Méditerranée nord-occidentale. L’exemple de la Gaule Narbonnaise. (Ier s. avant J.-C. - IIIe s. après J.-C.). Thèse soutenue en décembre 2014 à Montpellier (S. Mauné dir.).
http://archimede.cnrs.fr/index.php/actualites/162-soutenance-these-2

 

Fabrice Bigot, première inscription en octobre 2012, Université Montpellier III, dir. S. Mauné en co-direction avec F. Laubenheimer (CNRS, MAE-Nanterre) : La place des établissements et agglomération littoraux de Gaule Narbonnaise dans la production et la diffusion des amphores gauloises (Ier s. av.-IVe s. ap. J.-C.).

 

- Valorisation/Expositions :

  • Conseil scientifique pour les maquettes de bateaux du MuRéna et pour la reconstitution de Mandirac 1
  • Médailler du musée Saint-Raymond