Le site de Rirha à Sidi Slimane (Maroc)

L’UMR5140 participe depuis 2013 à la direction d’une mission archéologique franco-marocaine sur le site de Rirha à Sidi Slimane (Maroc).

Entre 2013 et 2016, la direction française a été assurée par Claire-Anne de Chazelles, chargée de recherche CNRS, et la direction marocaine par Mohamed Kbiri Alaoui, enseignant-chercheur à l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine de Rabat (INSAP).

La direction française est désormais assurée par Elsa Rocca (MCF, Université Paul Valéry) et Charlotte Carrato (chargée d'opérations et de recherche, Mosaïques Archéologie, et chercheuse associée à l’UMR 5140-ASM), en co-direction avec Mohamed Kbiri Alaoui (INSAP) et Abdelfattah Ichkhakh (archéologue, inspecteur, Inspection des monuments historiques et des sites, Essaouira).

Le programme est soutenu par la Casa de Velázquez de Madrid, l’INSAP de Rabat dès l'origine. Il est également financé par le ministère de l'Europe et des affaires étrangères français (MEAE), l'université Paul-Valéry Montpellier 3 (depuis 2022) et le Labex ARCHIMEDE de 2013 à 2022. Le MEAE a reconduit un contrat quadriennal de 2022 à 2025.

Blog de la Casa de Velazquez, ses carnets de fouilles dont Rirha

 

Plusieurs membres d'ASM apportent leur expertise en tant que spécialistes :

  • Stéphanie Adroit, MCF Université Paul-Valéry, intervient en tant qu'archéologue spécialisée en Protohistoire.
  • Cécilia Cammas, chercheuse Inrap, intervient en tant que micromorphologue pour l’étude des matériaux de construction et des sols en terre.
  • Claire-Anne de Chazelles a en charge la publication de l’Ensemble 5 (niveaux du Ier s. av. J.-C.).
  • Véronique Mathieu, ingénieure CNRS (depuis 2010), assure l’étude du bâti des constructions d’époque romaine.
  • Sébastien Munoz, ingénieur Inrap, intervient au niveau du SIA Syslat (système d'information archéologique de terrain).
  • Séverine Sanz Laliberté, ingénieure CNRS (depuis 2011), a en charge le SIG du site et le relevé topographique et photogrammétrique de l’ensemble des vestiges.

Jean-Claude Roux (depuis 2006) spécialiste des structures en terre est intervenu sur la fouille des niveaux maurétaniens.

 

Présentation de Rirha

Une ville antique et médiévale de la plaine du Gharb

 Situé dans la plaine fertile du Gharb dans le nord du Maroc (fig. 1), Rirha est implanté dans un méandre de l’oued Beht (fig. 2). C’est au départ une agglomération maurétanienne, fondée au VIe ou au Ve s. av. J. C., qui reste occupée jusqu’à la fin de la période romaine (IVe s.), puis à nouveau à la période « islamique » entre le IXe et le XIVe s. Rirha représente donc un excellent objet d’étude pour appréhender l’implantation humaine dans le Gharb sur une très longue durée. L’agglomération qui se trouve à distances presque égales des cités antiques de Sala, Thamusida, Banasa et Volubilis, pourrait éventuellement s’identifier comme la ville de Gilda connue par des textes latins et par des estampilles sur briques. Les importations de produits méditerranéens ainsi que de zones marocaines plus septentrionales montrent à toutes les périodes l’insertion de Rirha dans les réseaux d’échanges commerciaux ; néanmoins, cette zone du Maroc constitue pendant toute l’Antiquité la limite méridionale des influences méditerranéennes et en particulier du processus de romanisation. L’agglomération semble également avoir possédé ses propres ateliers de céramiques – productions de céramiques communes peintes avant l’époque romaine, communes et peut-être imitations de sigillées sous l’Empire, puis vaisselle médiévale - et se trouver à proximité d’un important atelier monétaire de la fin de la période préromaine.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fig. 1 : Localisation du site de Rirha au Maroc (Cl.-A. de Chazelles)                                                                                                                                                            Fig. 2 : Plan général des vestiges du site de Rirha (S. Sanz Laliberté)

 

Historique des recherches et acquis des campagnes récentes (2004-2016)
Le site a été étudié dans les années 1920 (L. Châtelain), puis dans les années 1950 (M. Euzennat), ce qui a permis d’en connaître l’extension (une dizaine d’hectares) et d’aborder les périodes récentes de l’occupation. Au cours des années 1980 et 1990, grâce à un programme franco-marocain de prospections dirigé par R. Rebuffat et A. Akerraz le gisement a pu être replacé dans son contexte historique régional.
À la suite d’un diagnostic effectué en 2004, trois programmes quadriennaux se sont succédés sous la direction conjointe de Mohamed Kbiri Alaoui (INSAP) et de Laurent Callegarin (Université de Pau et des Pays de l’Adour) en 2005-2008 et 2009-2012 et de Claire-Anne de Chazelles (CNRS, UMR 5140, Montpellier) en 2013-2016.
Une imposante monographie éditée par la Casa de Velázquez, parue en 2016, rend compte de la somme des recherches qui ont été menées sur le site depuis un siècle, mais plus particulièrement entre 2004 et 2012, où ont été véritablement posées les problématiques concernant la chronologie, les faciès culturels, les échanges, les productions de tous ordres, l’environnement naturel (cf. Bibliographie).
 
Le dernier programme quadriennal 2013-2016 s’est articulé selon plusieurs axes :
Fig. 3 : Orthophotographie de l'Ensemble 5 à l'issue de la campagne de 2016 (S. Sanz Laliberté et C. Carrato)
 
  • Une approche de l’habitat maurétanien du Gharb à travers la fouille stratigraphique et en aire ouverte de la zone dite du « tell » maurétanien où ont été abordés des niveaux du Ier s. av.J.-C. (Ensemble 5, fig. 3). L’habitat pré-romain est à l’heure actuelle très mal connu au Maroc. Le quartier, rigoureusement structuré selon des axes orthonormés, présente une architecture exclusivement en terre crue. Des sondages ont révélé une succession stratigraphique de 9 mètres d’épaisseur.
  • L’étude d’un quartier établi vers le changement d’ère contre l’enceinte romaine et sans doute voisin d’une des portes de l’agglomération. Il comporte une domus à péristyle ayant la particularité de posséder une vaste salle souterraine, des thermes privés et une installation de production vinicole/oléicole à double pressoir (Ensemble 1, fig. 4). Cet ensemble architectural et son décor fournissent un point de comparaison intéressant au grand site voisin de Volubilis pour appréhender le processus de « romanisation » dans cette région de l’arrière-pays.
  • Des études sur l’environnement et son exploitation durant les trois phases d’occupation (Protohistoire, Antiquité, Moyen Âge) par le biais de l’anthracologie, la carpologie et l’archéozoologie qui mettent en évidence d’importantes mutations.
  • Un gros volet de la recherche a été consacré à l’étude des faciès mobiliers de la période maurétanienne et du haut Moyen Âge dans le but de préciser le contexte et les particularités culturelles de la région à ces époques et, parallèlement, de dresser la typologie des céramiques produites sur place.

Fig. 4 : Orthophotographie de l'Ensemble 1 à l'issue de la campagne de 2016 (S. Sanz Laliberté et C. Carrato)

Objectifs du quadriennal 2017-2020

Les recherches se placent dans la continuité des trois programmes précédents et se structurent autour de trois thématiques :

1. Caractérisation et transformations de l’habitat urbain :

  • Évolution de l’habitat maurétanien au sommet du tell (Ensemble 5) : organisation des bâtiments et du réseau viaire antérieur au Ier s. av. J.-C., identification fonctionnelle des différents espaces et analyse de l’architecture en terre.
  • Caractérisation d’un quartier en périphérie du centre urbain (Ensemble 1) : articulation des espaces à vocation domestique et artisanale entre période romaine et médiévale, étude de l’installation de production.
  • Reconnaissance de l’emprise de l’agglomération et de la trame urbaine.

2. Relation de l'agglomération à son territoire :

  • Restitution de l’environnement et impact de l’occupation anthropique : évolution du paysage naturel ; répartition diachronique entre espaces sauvages et exploités (vergers, cultures).
  • Exploitation des ressources locales : origine des matières premières (terre, pierre, bois), en particulier matériaux de construction, bois d’œuvre et artisanat potier ; alimentation et élevage (faune et carporestes).

3. Production, échanges et consommation :

  • Analyse des équipements de production et dynamisme technologique à l’échelle régionale : installation vinicole et/ou oléicole (pressoirs, cuves maçonnées et dolia) ; atelier de potiers médiéval (four).
  • Étude du matériel céramique : définition des faciès locaux, quantification et origine des céramiques d’importation.

Institutions et partenaires

Casa de Velázquez (Madrid) : https://www.casadevelazquez.org/recherche-scientifique/fouilles-archeologiques/rirha/presentation-et-objectifs/ et https://archeocvz.hypotheses.org/category/programmes-pluriannuels/rirha-sidi-slimane-maroc

Labex Archimede (CNRS, ASM-UMR 5140, Montpellier) : http://archimede.cnrs.fr/index.php/programmes-technologiques/vega/projet-karnak/139-projets-en-cours/projets-en-cours-app5/619-gharb-aap5

Organismes scientifiques associés :

  • Le Ministère de la Culture du Maroc.
  • Le Laboratoire CNRS-UMR 5140, ASM de Montpellier.
  • Le Laboratoire CNRS- UMR 7209, Museum d’Histoire Naturelle, Paris.
  • Le Laboratoire CNRS-UMR 8142 de l’Université de Lille 3.
  • L’Institut National des Recherches en Archéologie Préventive (INRAP Méditerranée, Île-de-France et Grand Sud-Ouest).
  • L'Université Paris-Sorbonne.
  • L'Université d’Abdelmalek Essaâdi, Tétouan.
Equipe franco-marocaine

Direction

  • CARRATO Charlotte (docteur, chercheur associé à l'UMR 5140-ASM, Montpellier)
  • ICHKHAKH Abdelfattah (archéologue, inspecteur, Inspection des monuments historiques et des sites, Essaouira)
  • KBIRI ALAOUI Mohamed (enseignant-chercheur, Institut des sciences de l'archéologie et du patrimoine, Rabat)
  • ROCCA Elsa (docteur, ATER Université Paul Valéry, Montpellier)

Équipe de terrain

  • ALILOU Mohamed, topographe-dessinateur, Ministère de la Culture du Maroc (Musée de Volubilis) : relevés et dessins.
  • DE CHAZELLES Claire-Anne, chargée de recherche, CNRS, UMR 5140-ASM, Montpellier : étude de l'architecture.
  • DIXON Kevin, archéologue indépendant : encadrement de la fouille.
  • GAZZAL Handi, archéologue indépendant : encadrement de la fouille.
  • MATHIEU Véronique, ingénieur d'étude, archéologue du bâti, CNRS, UMR 5140-ASM, Montpellier : étude de l'architecture.
  • PINEAU Jean-Baptiste, archéologue indépendant : encadrement de la fouille.
  • ROUX Jean-Claude, associé à l'UMR 5140-ASM, Montpellier : encadrement de la fouille et étude de l'architecture.
  • SANZ LALIBERTE Séverine, assistant-ingénieur, CNRS, UMR 5140-ASM, Montpellier : orthophotographie, topographie et SIG.
  • ZAÏRI Nabil, doctorant-archéologue, Université d'Abdelmalek Essaâdi, Tétouan : encadrement de la fouille.

Études spécialisées

  • CALLEGARIN Laurent, directeur des études à la casa de Velázquez (Madrid) : numismatique.
  • CAMMAS Cécilia, chargée d'études INRAP Île de France : micromorphologie.
  • EL BAHRI Nadia, étudiante master, INSAP, Rabat : étude céramique antique.
  • ESPADA Andrea, doctorante, Universidad Autónoma de Madrid : étude céramique maurétanienne.
  • HASSINI Hicham, archéologue conservateur, Conservation des monuments historiques et des sites, Lixus : responsable inventaire céramique.
  • IMRANI Chaimae, étudiante master, INSAP, Rabat : étude céramique maurétanienne.
  • JULLIEN Thierry, enseignant (Tanger) : étude céramique médiévale.
  • LECLERCQ Séverine, archéologue, Boulogne-sur-Mer : étude céramique antique.
  • MANNIEZ Yves, chargé d'opérations et d'études INRAP Méditerranée : étude du petit mobilier.
  • MEFTAHI Wissal, doctorante, Université Paris IV Sorbonne : étude des blocs d'architecture.
  • NAJI Halima, archéologue, Direction du patrimoine culturel, Rabat : étude céramique médiévale.
  • OUESLATI Tarek, chargé de recherche CNRS, UMR 8164-HALMA, Lille : archéozoologie.
  • RAJAD Asmae, étudiante master, INSAP, Rabat : étude céramique antique.
  • ROS Jérôme, docteur, associé à l'UMR 7209/CNRS-UMR 5554-ISEM : anthracologie.
  • RUAS Marie-Pierre, chargée de recherche au CNRS, archéobotaniste, UMR 7209 Paris : carpologie.
  • TEMMERMAN Lara, doctorante, Université Paris IV Sorbonne : étude céramique médiévale.
  • VASCHALDE Christophe, post-doctorant, CNRS, UMR 5140-ASM, Montpellier : anthracologie.

Bibliographie

- CALLEGARIN, Laurent, KBIRI-ALAOUI, Mohamed, ICHKHAKH, Abdelfattah, ROUX, Jean-Claude (dir.), (2016), Rirha : site antique et médiéval du Maroc. IV : période médiévale islamique (IXe-XVe s.), Madrid, Collection de la Casa de Velázquez 153.
- CALLEGARIN, Laurent, KBIRI-ALAOUI, Mohamed, ICHKHAKH, Abdelfattah, ROUX, Jean-Claude (dir.), (2016), Rirha : site antique et médiéval du Maroc. III : période romaine (40 ap. J.-C. – fin du IIIe s. ap. J.-C.), Madrid, Collection de la Casa de Velázquez 152.
- CALLEGARIN, Laurent, KBIRI ALAOUI, Mohamed, ICHKHAKH, Abdelfattah, ROUX, Jean-Claude (dir.), (2016), Rirha : site antique et médiéval du Maroc. II. Période maurétanienne (Ve siècle av. J.-C. – 40 apr. J.-C.), Madrid, Collection de la Casa de Velázquez 151.
- CALLEGARIN, Laurent, KBIRI-ALAOUI, Mohamed, ICHKHAKH, Abdelfattah, ROUX, Jean-Claude (dir.), (2016), Rirha : site antique et médiéval du Maroc. I. Cadre historique et géographique général, Madrid, Collection de la Casa de Velázquez 150.
- JULLIEN, Thierry, avec la collaboration de BRIDOUX, Virginie, CALLEGARIN, Laurent, DE CHAZELLES, Claire-Anne, ICHKHAKH, Abdelfattah, KBIRI ALAOUI, Mohamed (2016) « Les grands vases de stockage, de conservation et de transport au nord du Maroc à partir des sites de Rirha (Sidi Slimane) et de Kouass (Asilah-Briech), dans Jarres et grands contenants entre Moyen Âge et époque moderne. Actes du 1er Congrès International Thématique de l’AIECM3 (Montpellier-Lattes, 19-21 novembre 2014), Aix-en-Provence, pp. 91-104.
- KHALKI, Charifa, MAHJOUBI, Rachida, KAMEL, Saïd, KBIRI ALAOUI, Mohamed (2016), « Nature et origine des pierres et autres matériaux de construction et de décoration du site antique de Rirha – Maroc », J. Mater. Environ. Sci. 7 (5), pp. 1723-1740.
- COLL CONESA, Jaume, CALLEGARIN, Laurent, THIRIOT, Jacques, FILI, Abdellah, KBIRI-ALAOUI, Mohamed, ICHKHAKH, Abdelfattah, avec la collaboration de JULLIEN Thierry (2013), « Première approche de l’implantation islamique à Rirha (Sidi Slimane) », Bulletin d’archéologie marocaine, 22, pp. 305-341.
- COLL CONESA, Jaume, CALLEGARIN, Laurent, KBIRI-ALAOUI, Mohamed, FILI Abdellah, JULLIEN Thierry et THIRIOT Jacques (2012), « Les productions médiévales de Rirha (Maroc) », dans S. Gelichi (éd.), Atti de IX Congresso Internazionale sulla Ceramica Medievale nel Mediterraneo, Venezia, Scuola Grande dei Carmini, Auditorium Santa Margherita, 23-27 novembre 2009, organizzato nell'ambito dell'attività dell'AIECM2, Florence, pp. 258-269.
- GOMEZ-PACCARD, Miriam, MCINTOSH, Gregg, CHAUVIN, Annick, BEAMUD, Elisabet, PAVON-CARRASCO, Francisco J. et THIRIOT, Jacques (2012), « Archaeomagnetic and rock magnetic study of six kilns from North Africa (Tunisia and Morocco) », Geophysical Journal International, pp. 1-18.
- CALLEGARIN, Laurent, KBIRI-ALAOUI, Mohamed, ICHKHAKH, Abdelfattah, et ROUX, Jean-Claude (2011), « Le site antique et médiéval de Rirha (Sidi Slimane, Maroc) », Les Nouvelles de l’archéologie, 124/2b, sept. 2011, pp. 25-29.
- CALLEGARIN, Laurent, KBIRI-ALAOUI, Mohamed, ICHKHAKH, Abdelfattah, (2007), « Recherches archéologiques maroco-françaises à Rirha (Sidi Slimane, Maroc) », dans Actes du colloque national « Les sites archéologiques dans la région du Gharb. Entre la recherche scientifique et le développement » (Kénitra, novembre 2005), Série colloques et séminaires n° 9, 2007, Kénitra, pp. 5-34.
- CALLEGARIN, Laurent, KBIRI-ALAOUI, Mohamed, ICHKHAKH, Abdelfattah, DARLES, Christian et ROPIOT, Virginie (2006), « Les opérations archéologiques maroco-françaises de 2004 et 2005 à Rirha (Sidi Slimane, Maroc) », Mélanges de la Casa de Velázquez, 36-2, 2006, pp. 345-357.