Le site de la Motte à Adge (Hérault)

Il correspond à un habitat de l’âge du Bronze actuellement ennoyé dans le lit mineur de l’Hérault à Agde. Découvert en 2002 par l’association Ibis à l’occasion de prospections fluviales, il a fait l’objet d’une première fouille en 2004 sous la direction de P. Moyat ayant notamment mis au jour un dépôt de bronzes correspondant à une riche parure féminine. À partir de 2009, de nouvelles campagnes de fouilles se sont déroulées sous la direction de J. Gascó afin de qualifier la nature du site et d'en étudier les composantes chrono-culturelles.

Le projet associe également des chercheurs issus d’autres institutions du Midi de la France tels que le Centre Camille Jullian (UMR 7299, Aix-en-Provence), le laboratoire TRACES (UMR 5608, Toulouse), l’Institut Méditerranéen d'Ecologie et de Paléoécologie (UMR 6116, Aix-en-Provence), l’Institut des Sciences de l’Evolution - Montpellier (UMR 5455, Montpellier) et le Musée de l’Ephèbe et d’Archéologie sous-marine de la ville d’Agde. Il participe en outre du programme DYLITAG du Labex ARCHIMEDE (dirigé par B. Devillers, UMR 5140 - ASM), qui vise à la restitution du paléo-environnement et de l’anthropisation du territoire agathois depuis le début de l’holocène.

Figure 1 : Vue du site en surface, matérialisé par les bouées

Ces travaux interdisciplinaires associant archéologie, écologie et géomorphologie ont permis de mettre en évidence sur plus de 500 m², par fouille planimétrique, un établissement palafittique de l’âge du Bronze dont la superficie totale est estimée à près d’un hectare. Ce dernier était à l’origine installé en bordure d’une ancienne lagune avant que les sédiments apportés par le fleuve ne viennent colmater cette partie de la basse vallée de l’Hérault. Les vestiges, dont l’immersion sous 5 m d’eau douce assure un excellent état de conservation, comprennent des centaines de pieux organisés en deux files principales, dont plusieurs sont déjà synchronisés par la dendrochronologie, appartenant possiblement au regroupement de quelques habitations. Ils s’accompagnent d’éléments de clayonnages pouvant correspondre à des aménagements de berge bordant l’occupation ou au maintien de sols remblayés. Les très nombreux éléments organiques conservés dans les sédiments, et notamment les archives carpologiques, entomologiques, anthracologiques et conchyliologique autorisent une restitution précise de l’évolution du milieu naturel et des activités menées sur le site. Ces dernières convergent vers la caractérisation d’un habitat pérenne. Les nombreux restes de charançon du blé (Sitophilus granarius) marquent le stockage de denrées végétales sur le site, certainement des céréales. L'amidonnier (Triticum dicoccum) était stocké à l'état d'épillets entiers, le décorticage étant certainement réalisé au quotidien.Plusieurs indices laissent également transparaître la stabulation de bétail sur le site, en particulier des coléoptères caractéristiques des accumulations de fumier.

 

Figure 2 : Alignement de pieuxLe mobilier céramique, très abondant et bénéficiant également d’un excellent état de conservation, a permis de préciser la chronologie et l’identité culturelle des populations qui l’ont occupé. En l’état actuel des recherches, il est possible de déterminer deux phases principales d’occupations, au Bronze final IIIa (Xe s. av. J.-C.) et au Bronze final IIIb (IXe-début VIIIe s. av. J.-C.). La stratification du site, conservée sur plus d’1,5 m, permet toutefois de suivre plus finement l’évolution de ce mobilier et la mise en place du style Mailhac I de la fin de l’âge du Bronze auquel il se rapporte.

Le site de la Motte I fournit ainsi des informations inédites ou très rarement réunies en milieu terrestre, sur la vie quotidienne des sociétés de la fin de l’âge du Bronze du midi de la France. Les travaux effectués visent également à d’analyser la vulnérabilité et les capacités d’adaptation de ces populations, ayant choisi un milieu sensible, face aux évolutions du tracé du fleuve Hérault et de son delta lagunaire.

 

Équipe de recherche

Direction scientifique

Thibault Lachenal, titulaire de l’autorisation, UMR 5140 CNRS.

Jean Gascó, UMR 5140 CNRS.

Christian Tourrette, Association IBIS, porteur logistique du projet.

 

Figure 3 : Relevé des empierrements (photo M. Foulquié).

Chef d’opération hyperbare

David Constant

 

Équipe de fouille

François Baïsse, Vladimir Baudot, Yannick Bousquet, Jacques Chabbert, Bérenger Debrand, Charles Gouliardon, Jean-Claude Iché, Fabrice Laurent, R.égis Maggiori, Pierre Mougin, André Rivalan, Patrick Rouvet, Alex Sabastia, Florian Young.

 

Études spécialisées

Sédimentologie, Géoarchéologie

Benoît Devillers, Guénaelle Bony, Jean-Philippe Degeai, Hamza Oueslati, Florian Yung,

Vladimir Baudot.

 

Anthracologie

Léonor Liottier, Lucie Chabal.

 

Carpologie

Laurent Bouby, Nuria Rovira.

 

Entomologie

Vincent Girard, Philippe Ponel.

 

Palynologie

Serge Muller, Ludovic Dolez.

 

Dendroarchéologie, dendrochronologie

Sandra Greck, Frédéric Guibal.

 

Structures en terre crue des habitats

Claire-Anne De Chazelles.

 

Figure 4 : Vase en place dans la stratigraphie puis après prélèvement (photo J.-C. Iché).

Période de fouille

Afin de bénéficier de la clarté relative des eaux, les opérations de fouilles ont lieu en hiver (février-mars) pendant 3 semaines.

Conditions de participation

Pour participer aux opérations de fouilles subaquatiques, il convient d’âtre titulaire du Certificat d’Aptitude à l’Hyperbarie (classe 0B minimum).

Pour des questions d’assurance, une adhésion à l’association Ibis est également nécessaire.

Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.